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Belgique
Personnes migrantes ou déplacées

Procès des hébergeurs·euses : le procès de la solidarité

Ces 7, 8 et 9 novembre, 12 personnes sont jugées devant le tribunal correctionnel pour « trafic d’êtres humains ». En réalité, c’est le procès de la solidarité qui se joue dans notre pays : ce qu’il est reproché à ces 12 personnes, c’est d’avoir aidé des personnes migrantes dans le besoin. Réaction de Pierre Verbeeren, directeur de Médecins du Monde.

Depuis 16 mois, nous proposons au gouvernement fédéral une solution opérationnelle à la question nouvelle que lui posent les migrants en transit : créer un Centre d’accueil et d’orientation pour ces quelques centaines de personnes afin de contrôler la situation dans la dignité.

Ce centre permettrait de travailler avec chaque migrant à une solution efficace et légale dans son parcours migratoire. Il permettrait d’économiser une mobilisation massive des forces de police pour « chasser » les migrants, les déploiements d’hélicoptères, la fermeture des aires d’autoroute, l’abattage d’arbres, et les décès impitoyablement qualifiés de « collatéraux », celui de Mawda, celui d’Amoulou Ouré, ce jeune guinéen écrasé par le bus auquel il tentait de s’agripper à la sortie de Bruxelles, et les 8 autres victimes depuis en 2 ans... Ce centre permettrait d’avoir un œil institutionnel sur toutes les situations concernées. Même sur le plan financier, cela coûterait moins cher que la non-solution actuelle. Et, en ce qui concerne notre actualité, cela permettrait d’éviter le genre de procès auquel nous allons assister aujourd’hui.

Le respect de l’État de Droit

Lorsque Mehdi Kassou, co-président de la plateforme citoyenne, Pierre Hublet, Directeur général de la Croix-Rouge et moi-même de Médecins du Monde, avons rappelé notre proposition à Charles Michel, sa réponse fut que notre générosité nous honorait mais que sa responsabilité était de faire respecter l’Etat de Droit. Le procès qui s’ouvre aujourd’hui nous permettra une fois de plus de savoir qui respecte et qui ne respecte pas l’Etat de Droit. Au moment où il nous recevait, le Premier Ministre était confronté aux juges, aux recteurs, aux barreaux… qui lui rappelaient que les visites domiciliaires violaient l’Etat de Droit. Il était inquiété dans son interprétation douteuse de l’Article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme et du principe de non-refoulement après avoir convié les services d’El-Béchir [Président du Soudan, où le gouvernement belge a renvoyé plusieurs migrants alors qu’ils y encouraient de nombreux risques, allant ainsi à l'encontre des règles européennes et internationale en terme de respects des droits Humains], le seul dirigeant en exercice sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale.

Aujourd’hui que Médecins du Monde publie une enquête sérieuse montrant qu’un migrant en transit sur 4 est victime de violences policières, se pose la question de savoir de quel côté se trouve l’Etat de Droit. Pour ma part, je fais confiance à la justice. Il est important de savoir ce qui est légal et ce qui ne l’est pas.  

Puisse la frayeur et l‘inquiétude des personnes aujourd’hui inculpées servir deux causes : celle de rappeler que c’est malheureusement le Gouvernement qui ne respecte pas l’Etat de Droit, et celle d’ouvrir l’institution à la chaleur de la citoyenneté.

La place du citoyen

Mais aujourd’hui se joue également un deuxième débat, moins connu, moins soutenu : celui sur le rôle des citoyens. Les institutions sont interpelées de toutes part, parce qu’elles manqueraient d’humanité : certaines maisons de repos manquent d’humanité avec les personnes âgées, certains services publics avec leurs bénéficiaires… Les citoyens veulent réchauffer la solidarité, avec l’immense exemple de la plateforme citoyenne, mais aussi de 2€50, de la BelgiumKitchen…

Le débat que porte ce procès nous invite à construire la place du citoyen dans la solidarité institutionnelle. Jusqu’où peut-il jouer un rôle ? Avec Médecins du Monde et les 600 bénévoles qui s’impliquent pour rendre effectif l’accès aux soins, nous faisons l’expérience que le citoyen peut être convoqué et reconnu par l’Etat dans le rôle qu’il joue, individuellement et collectivement, pour humaniser des services qui en ont besoin. Nous pensons que les citoyens peuvent jouer un rôle institutionnel dans l’accueil des demandeurs d’asile, des migrants en transit, des personnes en rupture de logement, des détenus, des personnes victimes de violences… Ce procès peut ouvrir ce débat en rappelant utilement que l’empathie n’est pas un problème mais une solution.

Puisse la frayeur et l‘inquiétude des personnes aujourd’hui inculpées servir deux causes : celle de rappeler que c’est malheureusement le Gouvernement qui ne respecte pas l’Etat de Droit, et celle d’ouvrir l’institution à la chaleur de la citoyenneté.

 


 

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